Pour que les familles puissent bénéficier d’un continuum de services, le RQPF croit qu’il faut :
- Soutenir davantage financièrement les organismes communautaires et reconnaître leur expertise.
Le RPQF reconnaît et salue les modalités du nouveau Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 qui prévoient bonifier le soutien à la mission des organismes en santé mentale de 15 M$ par année. Les organismes communautaires interviennent dans l’ensemble des domaines concernant les diverses réalités familiales afin de créer les conditions pour que leurs services et activités puissent être offerts à l’ensemble de celles-ci, tout en mettant l’accent sur celles qui sont en situation de vulnérabilité.
En nous inspirant des Conditions de succès des actions favorisant le développement global des enfants développées par l’INSPQ, nous croyons que toute approche doit privilégier les actions qui visent les familles ayant besoin de soutien, mais avec des modalités ou une intensité qui varient selon les besoins et qui incluent des stratégies pour éliminer les barrières d’accès.
- Mettre en place des mécanismes de partage d’expertise entre les organisations communautaires, les services de santé et les services sociaux.
Le RPQF se réjouit des mesures du nouveau Plan d’action en santé mentale et espère que l’objectif de créer une nouvelle concertation nationale qui inclut les organismes en santé mentale permettra de mettre en place des mécanismes de partage d’expertise pérennes et fiables entre les organisations communautaires, les services de santé et les services sociaux favorisant un continuum intégré de services.
Le RPQF salue la mise en valeur du continuum de soin et services en santé mentale tel que décrit dans le nouveau Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 et souhaite que cette approche de collaboration soit rapidement vécue sur le terrain au bénéfice des familles.
Les échos que notre Réseau entend du milieu terrain indiquent qu’à l’heure actuelle, le milieu communautaire semble très peu référé, par méconnaissance peut-être, dans le cadre d’interventions de santé. Le RPQF considère que chaque famille du Québec devrait avoir accès facilement à un intervenant pivot dans sa région. Par intervenants pivots sont considérés les intervenants de proximité qui peuvent orienter et informer les familles sur les services disponibles, les services auxquels ils ont droit et ont besoin. Leur rôle est d’assurer que la personne et ses proches soient accompagnés et soutenus dans l’expression de leurs besoins et préférences. Les intervenants pivots assurent fluidité et continuité des services dans le parcours des familles et contribuent à éviter le va-et-vient dans le réseau de la santé et des services sociaux. Les familles réclament un accès à des services intégrés afin de faciliter leurs démarches. Ces intervenants contribuent ainsi à assurer une meilleure expérience d’accompagnement pour les familles du Québec, à la fois soustraite des différents silos administratifs et gouvernementaux.
Dans le contexte où le Québec est confronté à un phénomène de pénurie de maind’œuvre qui touche la plupart des secteurs d’activité et des régions, le RPQF croit que d’encourager la création de postes d’intervenants pivots permettrait une meilleure allocation des ressources à l’interne dans le réseau de la santé. En effet, ces intervenants clés permettent d’assurer un suivi et d’orienter les familles vers le service le plus adéquat pour elles, qu’il soit communautaire ou public, en évitant de multiplier les démarches et les interventions coûteuses en termes de temps, de personnel et d’argent pour l’État et pour les familles. Il faudrait déterminer qui serait les mieux placé pour jouer ce rôle de manière optimale. Ce pourrait être l’opportunité de reconnaître et valoriser le rôle que joue naturellement des intervenants d’organismes, tel que les organismes communautaires familles, en bâtissant une relation de confiance avec les familles.
Tel qu’illustré dans le Plan d’action interministériel en santé mentale, l’expérience démontre également que la présence d’intervenants sociaux, par exemple « les agents de liaison » pouvant jouer le rôle de médiateur est bénéfique pour l’adaptation des interventions aux groupes de population, dont les membres des Premières Nations et les Inuits, les personnes issues de communautés ethnoculturelles ou les personnes nouvellement arrivées au Québec.
- Soutenir des initiatives communautaires et institutionnelles visant à repérer le plus tôt possible d’éventuelles problématiques dans le développement des enfants et assurer d’une intervention adéquate.
Le RPQF reconnaît et soutient l’initiative du gouvernement du Québec dans son programme Agir tôt, un programme adressé aux enfants de 0 à 5 ans et à leur famille, qui a pour objectif de de « répondre aux défis actuels liés à la détection rapide des enfants susceptibles de présenter des vulnérabilités développementales. »
Le RPQF souhaite aller plus loin et faire en sorte que les ressources soient disponibles pour des projets porteurs qui visent également la même mission que celle d’Agir tôt. Pour ce faire, nous recommandons une meilleure continuité et une meilleure fluidité dans les services lorsque l’intervention visée entre autres par le programme est établie.
- Développer une stratégie pour intervenir auprès des 9 à 18 ans, particulièrement en prévention (santé mentale, relations hommes/femmes, etc.).
Le RPQF se réjouit des initiatives touchant les jeunes planifiées dans le Plan d’action interministériel en santé mentale. Tout en reconnaissant l’importance et l’impact de l’Agir tôt, il importe de mettre également des initiatives de prévention visant spécifiquement les 9 à 18 ans. L’aide à apporter aux familles des jeunes à besoin de soutien particulier est également un élément à ne pas négliger dans le développement et la consolidation de programmes et mesures de soutien.
- Concevoir des programmes de soutien pour les familles ayant de jeunes adultes avec des handicaps importants.
Les échos que notre Réseau reçoit du terrain est que lorsque l’âge de la majorité de jeunes handicapés est atteint, plusieurs familles se retrouvent sans soutien alors que les réseaux scolaires n’offrent plus de prise en charge. Bien que plusieurs mesures et programmes gouvernementaux existent déjà comme le Supplément pour enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels (SEHNSE), il reste que la transition vers la majorité avec ses procédures et délais, doit être simplifiée. L’accompagnement aux familles, principe sous-jacent à l’ensemble de nos recommandations doit être amélioré et bénéficier de la même fluidité et complémentarité de services que toutes les autres familles. Par ailleurs, une simplification de l’évaluation médicale à l’âge adulte semble nécessaire. L’enfant sévèrement handicapé devenu adulte ne devrait plus avoir à faire évaluer à nouveau sa situation d’inaptitude, un processus long et complexe pour les familles, alors que le handicap demeure total et permanent dans le temps.